« Aide à la définition de stratégies d’évacuation des populations littorales en cas de Tsunami : une approche par la simulation à base d’agents ».
Synthèse :
Les tsunamis sont des phénomènes complexes car ils se produisent à la suite de différents types d’événements (tremblement de terre, glissement de terrain, volcanisme) et prennent une ampleur variable selon la source et l’intensité de l’événement précurseur, la morphologie du plateau continental, la distance aux côtes. Si la plupart des tsunamis ont lieu dans le Pacifique, environ 10% depuis 1840 sont survenues en Méditerranée, et ce particulièrement sur le littoral français où le dernier événement date de 2004 (BRGM, 2009). Or, du fait de l’accélération de la concentration des enjeux (humains, matériels, économiques) sur les littoraux méditerranéens, la vulnérabilité des villes côtières ne cesse de croître et de s’accélérer. Dans ce contexte d’augmentation des aléas et des enjeux, la Commission océanographique intergouvernementale des Nations unies (COI) qui coordonne depuis 2005, à l’échelle mondiale, la mise en place de systèmes d’alerte aux tsunamis, appelle à se préparer à ce type d’évènement en Méditerranée (Projet Neamtic, 2013). La France collabore à cette action avec la création du CENtre national d’Alerte aux Tsunamis (CENALT) dont les missions consistent en la surveillance et l’alerte des séismes et tsunamis en Méditerranée occidentale et dans l’Atlantique nord-est. Cependant, si le système d’alerte est opérationnel et semble efficace pour un tsunami généré par une source éloignée des rivages, cela est moins vrai pour une source proche, pour laquelle le temps est compté. En effet, les travaux menés par Ioualalen et al.(2010, 2013) ont révélé que la proximité des principales failles potentiellement tsunamogènes induit des temps d’arrivée courts des tsunamis sur la côte ligure et des submersions marines de plusieurs mètres de hauteur en certain point du territoire.
Qu’il s’agisse de tsunamis à temporalité brève ou longue, l’évacuation des populations reste la meilleure réponse pour gérer ce type d’événement. Toutefois, la définition et la mise en œuvre opérationnelle de stratégies d’évacuation réellement efficientes constituent aujourd’hui encore un véritable défi sociétal, surtout lorsque les temporalités sont courtes. La difficulté est en effet de prendre en compte, d’anticiper et de gérer de multiples comportements individuels et collectifs localisés, en situation d’information incomplète, de fort stress psychologique, mais également d’interdépendance (ancrage au sein de réseaux sociaux). Par ailleurs, les possibilités d’expérimentation in vivo sont très limitées, en raison des coûts induits mais également des difficultés à reproduire des conditions réalistes permettant d’approcher non seulement les préférences révélées des personnes impliquées mais également leurs comportements probables en cas de tsunami.
Dans ce contexte, la simulation à base d’agents ouvre des perspectives prometteuses, tout particulièrement dans le domaine de l’expérimentation in silico : cette approche individu-centrée permet en effet de reproduire des environnements spatiaux dynamiques et de les peupler d’agents hétérogènes, socialement et spatialement ancrés. En se basant sur une typologie des comportements humains en situation de catastrophe (Dubos-Paillard et Provitolo, à paraître), les agents seront dotés de réactions comportementales diverses (sidération, fuite, entraide etc.) en fonction de leur expérience, de leur connaissance des consignes, du terrain. Une fois les règles d’évolution de l’environnement et les comportements individuels définis, la simulation informatique distribuée permet de faire évoluer le système et d’explorer son comportement dans l’espace des paramètres du modèle, afin d’en spécifier les propriétés mais également de tester différents scénarios de réponse sociale et individuelle à l’événement.
L’alimentation du modèle par des données contextuelles (MNT, occupation du sol, cartographie des submersions marines -étendue de l’inondation et hauteur d’eau- et des enjeux territoriaux, infrastructures de transport, localisation des activités humaines dans l’espace et dans le temps,…) et comportementales (retours d’expériences et analyses a posteriori d’événements passés) est toutefois une condition sine qua non de réussite.
L’enjeu est par conséquent de produire et tester des modèles alimentés par des données hétérogènes et multi-sources permettant d’explorer, par simulation informatique, différents scénarios d’évacuation des populations littorales en cas de Tsunami.
Contexte/terrain :
Le terrain d’étude choisi sera un (ou deux) site(s) retenu(s) comme cibles au sein du projet européen ASTARTE, sans doute celui de Nice (éventuellement Tanger au Maroc voire Héraklion en Grèce). Concernant le terrain niçois, les travaux menés pourront s’appuyer sur une cartographie précise de la vulnérabilité de la frange littorale des communes azuréennes (de Menton à Cannes) réalisée au sein du laboratoire Géoazur.
Données de terrain et contexte : LGP et Géoazur
Modélisation et simulation : Géographie-cités
Connaissances et aptitudes requises :
- Bonne connaissance du domaine de la géographie des risques
- Bonne connaissance des méthodes et outils d’analyse spatiale (SIG, statistiques spatiales)
- Goût pour la modélisation et la simulation spatiale et volonté de s’y investir pleinement pour développer des modèles à base d’agents (une bonne connaissance des plateformes NetLogo et/GAMA sera considérée comme un plus certain).
- Goût pour les collaborations inter-disciplinaires
- Capacité à travailler en anglais (publications internationales attendues) et dans un contexte de travail international
Informations complémentaires :
Début du contrat : 01/09/2014
Durée du contrat : 3 ans
Laboratoire d’affectation : Géographie-Cités, 13 rue du Four – 75006 PARIS
Encadrants : Arnaud Banos (Géographie-Cité) et Franck Lavigne (LGP)
Comité de thèse : Edwige Dubos-paillard (Géographie-cités), Delphine Grancher (LGP), Damienne Provitolo (GEOAZUR)
Salaire : 1350 euros (possibilité de missions complémentaires d’enseignement)
Calendrier et procédure :
Le dossier de candidature devra démontrer l’adéquation au profil du poste (mission et compétences requises). Il comprendra :
- la fiche de renseignements en français / application form in english ;
- le relevé de notes de l’année de M1 et celui du 1er semestre de M2 ;
- lettre de l’encadrant de Master attestant de la soutenance prochaine du candidat (avant le 31 août 2014) ;
- un Curriculum Vitae ;
- le projet de thèse (5 à 8 pages maximum) ;
- deux lettres de recommandation (une lettre de l’encadrant du mémoire, Une lettre d’un référant au choix) ;
- deux lettres d’accueil (une lettre du directeur de thèse potentiel, une lettre des directeur(s) des unités d’accueil potentielles).
La date limite d’envoi des dossiers de candidatures est fixée au 09 mai 2014.
Tous les dossiers seront envoyés à l’adresse suivante : labex.dynamite@hesam.eu
- Les candidats retenus après examen des dossiers et auditions (qui se dérouleront la semaine du 23 juin 2014) seront tenus informés des résultats à partir du 30 juin 2014.