« L’antiquité tardive dans le nord-ouest de la péninsule arabique : culture matérielle, chronologie, échanges et entités territoriales. «
Synthèse :
L’essor tout récent, très rapide, des travaux archéologiques et épigraphiques en Arabie Saoudite a profondément changé la connaissance de la péninsule Arabique (approchée jusqu’au milieu des années 2000 par sa seule périphérie : Koweit, Baherein, Qatar, Emirat, Oman, Yémen). Par là-même se révèle l’ampleur des lacunes, du cadre interprétatif en particulier, pour des pans historiques entiers. C’est vrai au premier chef de ce qu’il est convenu d’appeler l’Antiquité tardive (IVème – début du VIIème siècles), ici Pré-Islamique Récent ou même en langage religieux jâhîliyah, « ignorance » – terme qui reflète bien l’état de la question. L’abondance des données collectées en moins de dix ans dans une grande moitié nord-ouest de la péninsule permet de voir qu’hormis à l’extrême nord (frontière jordanienne actuelle et oasis du Jawf), le christianisme ne pénètre pas et la puissance unificatrice de Byzance est absente. On ne sait même pas nommer ce à quoi les équipes de terrain ont alors affaire. La thèse proposée doit faire l’état de cette question, richement documentée sur la plan stratigraphique, architectural, matériel et même épigraphique grâce à l’établissement tout récent de la continuité nabatéen-arabe. La comparaison entre les zones byzantines et christianisées de l’extrême-nord doit être un fil directeur mais en aucune façon le seul, le cœur du sujet étant au contraire dans l’actuel innommé.
Contexte/terrain :
Le contexte tel qu’abordé par les sciences religieuses et les historiens de stricte obédience doit être bien connu (débats sur le milieu d’apparition de l’Islam, la question des lanques et des écritures, le rôle des Ghassanides / Jafnides et celui de Hira et des Lakmides, le contexte byzantino-sassanide du nord, himyarite et axoumite au sud) mais pour être mis et gardé à sa place car vu leurs incertitudes et leurs présupposés ce sont ces débats qui doivent être éclairés par les nouvelles données archéologiques et épigraphiques, non l’inverse.
Les données proviennent de deux ensembles :
- Les fouilles archéologiques franco-saoudienne à Hégra (Mada’in Salih, au Hijâz), Doumat al-Jandal (Jawf, extrême nord), Karj (Yamama, région de Riyadh) et Kilwa (frontière saoudo-jordanienne), les fouilles germano-saoudiennes à Tayma (Hijâz), les fouilles polono-saoudiennes à Aynunah (près du détroit de Tirân, et les fouilles saoudiennes à Khuraybat – al-Ula et à Mâbiyât (Hijâz), ainsi que les prospections associées (Hégra – Mer Rouge, entre autres) ;
- Les prospections épigraphiques conduites et publiées par les savants saoudiens (K. al Muayqel, S. al-Dib) ou européens (L. Nehmé) sur de vastes zones du Hijâz et du Jawf en particulier).
Le ou la doctorant(e) contractuel(le) ne pourra certes pas avoir participé ou participer à toutes ces opérations mais devra s’attacher à en avoir une connaissance précise et être très familier ou familière d’au moins l’un d’entre eux et d’au moins un terrain de fouille parmi eux.
Collaborations prévues :
Outre les parties prenantes du LabEx, la collaboration est souhaitable et aisée avec les organismes saoudiens (et jordanien si besoin) : d’un part SCTA, commission du Tourisme et des Antiquités, qui remplit le rôle d’une Direction générale de l’archéologie. D’autre part, avec deux universités directement concernées qui ont des accords de partenariats avec des institutions du LabEx et une véritable collaboration avec des archéologues français du LabEx ; la très grande faculté d’archéologie et tourisme de l’Université du Roi Saoud à Riyadh, pour les très importants fouilles de Khuraybat – al Ula et surtout de Mâbiyât (IVème – VIIIème siècles) – à noter qu’un doctorant saoudien issu de cette université fait sa thèse à Paris 1 et constitue un facilitateur de qualité ; et la jeune et active Université de Hayll, centre-nord de la péninsule, impliquée à Hégra (fouilles), porteuse et demandeuse de nouvelles collaborations de terrain.
En Europe, la collaboration doit s’appuyer avant tout sur l’équipe berlinoise de l’Institut archéologique allemand, DAI Orientabteilung, pour des recherches pionnières sur la région de Tayla, et sur l’équipe de l’institut d’archéologie méditerranéenne de l’Université de Varsovie qui a entamé au début de 2014 l’examen de la région d’Ayunah.
Enfin, le CEFAS, Centre de Recherches sur l’Arabie basé depuis 2013 à Jeddah, doit être sollicité pour participer à la coordination du travail du ou de la contractuel(le).
Connaissances et aptitudes requises :
Un intérêt poussé, fondé sur une solide culture interdisciplinaire de sciences humaines et sociales, pour l’évolution historico-politique et spirituelle de cette zone au premier millénaire de notre ère est le premier prérequis, avec une conscience du contexte géographique : désert, oasis, caravanes.
Le ou la contractuel(le) doit posséder une formation très solide de l’archéologie de terrain et à l’étude de grandes séries de matériel archéologique, céramique par exemple.
La connaissance de l’anglais comme lingua franca, et si possible de bases en langue arabe – à étoffer impérativement pendant le parcours doctoral – l’est également. Une connaissance de langues sémitiques anciennes de la région serait utile.
Informations complémentaires :
Début du contrat : 01/09/2014
Durée du contrat : 3 ans
Laboratoire d’affectation : ArScan, Maison de l’Archéologie et de l’Ethnologie, 21 allée de l’Université – 92023 NANTERRE Cedex
Encadrants : François Villeneuve, Laila Nehmé, Michel Mouton, Michel Reddé, Pierre-Marie Blanc, Dominique Piéri.
Salaire : 1350 euros (possibilité de missions complémentaires d’enseignement)
Calendrier et procédure :
Le dossier de candidature devra démontrer l’adéquation au profil du poste (mission et compétences requises). Il comprendra :
- La fiche de renseignements en français / application form in english ;
- Le relevé de notes de l’année de M1 et celui du 1er semestre de M2 ;
- Lettre de l’encadrant de Master attestant de la soutenance prochaine du candidat (avant le 31 août 2014) ;
- Un Curriculum Vitae ;
- Le projet de thèse (5 à 8 pages maximum) ;
- Deux lettres de recommandation (une lettre de l’encadrant du mémoire, une lettre d’un référant au choix) ;
- Deux lettres d’accueil (une lettre du directeur de thèse potentiel, une lettre des directeur(s) des unités d’accueil potentielles).
La date limite d’envoi des dossiers de candidatures est fixée au 09 mai 2014.
Tous les dossiers seront envoyés à l’adresse suivante : labex.dynamite@hesam.eu
- Les candidats retenus après examen des dossiers et auditions (qui se dérouleront la semaine du 23 juin 2014) seront tenus informés des résultats à partir du 30 juin 2014.