Contrats doctoraux – Campagne 2016 : Contrat n° 1

Migrants chinois
« L’offre de logements destinés aux migrants ruraux dans les villes moyennes chinoises, entre objectifs développementalistes et sociaux ».

Groupe de Travail : « Produire la ville “ordinaire” »

La date limite d’envoi des dossiers de candidatures est fixée au mercredi 4 mai 2016 (inclus).
Déroulement et calendrier de la procédure de recrutement

Description du Poste

Proposition de recherche :

La double transition économique et urbaine en Chine s’est traduite par une hausse spectaculaire des valeurs immobilières. Cette situation affecte tout particulièrement les centaines de millions de migrants issus des régions rurales qui ne sont pas éligibles aux prestations sociales des aires urbaines. Contraint de promouvoir l’inclusion sociale, l’État a lancé pour 2004-2010 un programme ambitieux d’urbanisation des villes moyennes basé sur l’intégration massive des migrants ruraux. L’incitation à migrer vers les villes de 3e et 4e catégories passe par l’octroi d’un hukou (« passeport ») urbain et des subventions publiques pour l’acquisition de logements.

Plusieurs travaux ont mis en évidence la place centrale de la production résidentielle dans l’économie chinoise et sa focalisation sur l’accession à la propriété (Wu, 2015, Theurillat, 2015). De tels choix relèvent de stratégies communes aux « États développeurs » nord-est asiatiques (Developmental States, Johnson, 1995), marquées un développement « résiduel » de la protection sociale (Ronald et Doling, 2010, 2012) et une « répression financière » (maintien du niveau de l’épargne à bas taux) qui font du logement à la fois un bien de consommation essentiel et un instrument de placement privilégié. Cependant, ces politiques entrent en tension, voire en contradiction, avec l’objectif d’inclusion sociale que l’Etat souhaite promouvoir dans les villes moyennes et qu’il entend imposer à des gouvernements locaux déjà en situation de stress financier. Avec des emplois précaires faiblement rémunérés, les migrants ne sont pas de meilleurs candidats à l’accession que ne l’étaient les acquéreurs subprime aux Etats-Unis.

Le travail de recherche présenté par le Groupe de Travail « Produire la ville “ordinaire” » a pour objectif de mettre à jour les tensions entre ces visions contradictoires tout en révélant les dynamiques qu’elles génèrent au sein du processus de production des espaces résidentiels dans des villes moyennes chinoises. Une telle démarche, qui devrait apporter une contribution significative à la connaissance des dynamiques à l’œuvre dans la production de la « ville ordinaire », rompt avec l’approche courante sur le logement social en Chine focalisée sur les inégalités d’accès au logement. L’analyse portera sur deux études de cas contrastées : Datong, ville minière de 1,5 millions d’habitants en phase de reconversion industrielle et Zhuhai, entité urbaine de 830 000 habitants comprise au sein de la conurbation très dynamique du Delta de la Rivière des Perles.

Dans un premier temps, le/la candidat/e sera invité/e à fournir au moyen d’une démarche qualitative, une lecture multiscalaire et relationnelle permettant de comprendre, dans chacun des terrains étudiés, comment s’arbitrent les choix des politiques de logement entre vision développementaliste et sociale, à partir des dynamiques d’interactions entre les divers niveaux de l’Etat (gouvernement central, province, municipalité et districts) et avec les acteurs locaux (promoteurs privés, publics, établissements de crédit, industriels notamment). Ensuite, la recherche pourra s’attacher à une description détaillée des filières de production du logement abordable, qu’il soit officiel (logement aidé par les pouvoirs publics) ou « social de fait » (logements locatifs privés). Au terme de la thèse, le/la doctorant/e sera encouragé/e à établir un diagnostic pour chaque ville sur la structure de l’offre de logements abordables et le gisement potentiel —notamment les logements vacants détenus par des ménages multipropriétaires— mobilisable pour loger les migrants. Cette dimension appliquée de la thèse, qui recourt également à une démarche quantitative (traitements statistiques de données, SIG), s’explique par le fait que le contrat doctoral entre dans le cadre d’un projet européen (MEDIUM, cf. plus loin) ayant entre autres pour ambition d’instaurer un dialogue entre chercheurs et décideurs dans le champ de l’aménagement urbain.

Collaborations prévues

Le contrat doctoral entre dans le cadre du projet MEDIUM « New pathways for sustainable urban development in China’s medium-sized cities ». Porté par l’UMR Géographie-cités (coordinatrice Natacha AVELINE) où sera affecté le/la doctorant/e, MEDIUM regroupe six institutions européennes (CNRS, Science Po Aix, Université Ca Foscari Venise, Université de Lausanne, Université de Neuchâtel, Spatial Foresight Luxembourg) et trois universités chinoises (Université Normale de Hangzhou, Université Sun Yat Sen à Zhuhai et Université Shanxi Datong). Au consortium s’est ajouté récemment le Complex City Lab à Shanghai, structure franco-chinoise de coopération entre l’Université de Technologie de Compiègne et l’Université de Shanghai spécialisée dans la modélisation de big data. Financé par le programme EuropeAid, MEDIUM octroie des per diem (forfait de 2100 euros/mois) pendant deux ans à des doctorants européens souhaitant séjourner en Chine pour étudier le processus d’urbanisation des villes moyennes, sous réserve qu’ils soient bénéficiaires d’un contrat doctoral. Différents aspects de la « durabilité urbaine » (sociale et environnementale) sont traités dans les trois villes partenaires et des principes d’urbanisme collaboratif sont introduits avec des représentants du monde socio-économique sous la forme de stakeholder workshops.

L’inscription du contrat doctoral dans le cadre du projet MEDIUM offre d’importants avantages. Il permet l’accueil du/de la doctorant/e dans deux des trois universités chinoises partenaires (à Zhuhai et Datong), lui facilitant l’acquisition de la langue et de la culture chinoise, mais également l’accès aux acteurs socio-économiques locaux —un atout déterminant en Chine où les enquêtes de terrain sont très difficiles à mener en l’absence de contacts initiaux. Un autre avantage est la possibilité de combiner l’approche essentiellement qualitative de la thèse à une démarche quantitative basée sur les ressources de MEDIUM : l’accès à des bases de données socioéconomiques sur les villes chinoises à échelle fine fournies par l’Université de Lausanne, le support technique (statistique et cartographique) d’un ingénieur d’études spécialiste de SIG de Géographie-cités imputé sur MEDIUM et des données issues des réseaux sociaux par le Complex City Lab, particulièrement utiles pour documenter les conditions du parc locatif privé. En contrepartie, le/la doctorant./e devra s’engager à participer à l’organisation des activités de MEDIUM, qui comprennent un séminaire scientifique et une conférence à Zhuhai en 2016-2017 puis à Datong en 2017-2018, auxquels s’ajoutent trois stakeholder workshops dans les deux villes.

Compétences et Aptitudes requises

Le/la candidat/e sera titulaire d’un Master de géographie, d’aménagement/urbanisme ou tout autre master avec une spécialité urbaine. Il/elle devra posséder une bonne maîtrise de l’anglais écrit et parlé.

La connaissance préalable du chinois n’est pas exigée dans la mesure où des interprètes seront disponibles dans le cas du projet MEDIUM, mais elle constituera toutefois un « plus », au même titre que l’intérêt des candidat/e/s pour la culture chinoise. Par ailleurs, les candidat/e/s devront s’engager à suivre des cours de chinois dans l’une des universités partenaires, conformément aux exigences du projet MEDIUM.

Une expérience des enquêtes de terrain est vivement souhaitée, ainsi qu’un intérêt (mais non obligatoirement des compétences) pour les approches quantitatives.

Informations complémentaires

Début du contrat : 01/09/2016

Durée du contrat : 3 ans

Laboratoire d’affectation : Géographie-cités (UMR 8504) – CNRS / Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / Université Paris Diderot (13 rue du Four- 75006 Paris)

Université d’affectation

  • Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ;
  • École Doctorale de Géographie de Paris – ED 434.

Directeur de thèse potentiel : Natacha AVELINE, DR CNRS

Rémunération nette mensuelle : environ 1350 euros (possibilité de missions complémentaires d’enseignement, selon l’établissement d’accueil/de rattachement).

Contact :

Déroulement et calendrier de la procédure de recrutement

Le dossier de candidature devra démontrer l’adéquation au profil du poste (missions et compétences requises). Il devra être transmis par formulaire électronique (http://www.form-labex-dynamite.com/doc/fr/). Il comprendra :

  • le projet de thèse (2 à 5 pages maximum) en précisant le socle théorique, l’expérimentation sur des matériaux empiriques, la méthodologie ainsi que la faisabilité et le calendrier ;
  • un Curriculum Vitae ;
  • le relevé de notes de Master 1 et celui du 1er semestre de Master 2 ;
  • une lettre de recommandation de l’encadrant du mémoire de Master 2 ;
  • une lettre de l’encadrant de Master attestant de la soutenance prochaine du/de la candidat(e) (avant le mercredi 31 août 2016).

Il est recommandé de prendre contact avec le Directeur de thèse potentiel en amont (non obligatoire).

La date limite d’envoi des dossiers de candidatures est fixée au mercredi 4 mai 2016 (inclus). Tous les dossiers seront à envoyer par formulaire électronique (http://www.form-labex-dynamite.com/doc/fr/).

Pour information, à l’issue de la date limite de candidature, le LabEx contactera le(s) Directeur(s) des Unités d’accueil potentiel(s), et ajoutera une lettre d’accueil dans le dossier de candidature.

Les candidat(e)s retenu(e)s après examen des dossiers et auditions (qui se dérouleront la semaine du 13 juin 2016) seront tenu(e)s informé(e)s des résultats à partir du lundi 20 juin 2016.

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