« Activisme environnemental : formes d’engagement militant et usages du numérique »
Groupe de Travail : « Biodiversité – Territoires – Sociétés »
La date limite d’envoi des dossiers de candidatures est fixée au dimanche 22 avril 2018 (inclus).
Déroulement et calendrier de la procédure de recrutement
Description du poste
Le projet du/de la candidat(e) s’inscrira dans les axes généraux du Groupe de Travail « Biodiversité – Territoires – Sociétés » et y apportera une contribution significative en s’intéressant aux formes d’engagement en faveur de la biodiversité et de l’environnement de manière plus générale, et plus spécifiquement à la contribution des technologies numériques qui accompagnent la mise en commun des ressources des acteurs locaux, notamment associatifs et les mobilisations.
L’environnementalisme civique se développe à partir des années 1960-70 en Europe selon des manifestations variées. L’engagement individuel et collectif vis-à-vis d’une communauté locale, nationale ou internationale est fondamental et peut contribuer à ancrer le développement durable sur les territoires. On observe également une orientation de l’engagement politique vers l’action « directe », non médiatisée par des institutions ou des partis, qui exprime une crise de confiance et de légitimité des institutions publiques. Le renouveau des modalités pratiques de ces formes de militantisme est très lié au développement du web qui apparaît comme un terrain propice au renouveau démocratique. De nouveaux dispositifs socio-techniques apparaissent au croisement des tournants numérique et participatif jouant un rôle clé sur la biodiversité. Il s’agit notamment de plateformes de participation citoyenne à la définition des espèces et leur localisation.
L’activisme environnemental s’est emparé de pratiques et d’espaces d’action spontanée qui viennent redessiner les contours de la citoyenneté et de la façon d’habiter les territoires. Des expériences diverses se multiplient pour tenter de mettre en œuvre ces principes et valeurs, avec par exemple les jardins partagés, l’apiculture et l’agriculture urbaine, les AMAP, les mobilités douces et les cheminements verts, les SEL et les SCOP. Ces projets, dont beaucoup relèvent de l’économie sociale et solidaire, semblent montrer que d’autres systèmes de partage et de coexistence peuvent se développer, notamment à des échelles locales et de plus en plus souvent grâce aux technologies du numérique, le principe partagé par ces expériences s’articulant autour de notions de proximité et de manières d’êtres matérialisées sur le territoire.
Cette thèse a pour objectif premier de renouveler les réflexions sur l’environnementalisme civique, en interrogeant la façon dont ces activismes locaux reconfigurent les manières dont les citoyens veulent vivre, et selon quel objectif de vivre ensemble ainsi que leur contribution aux territoires, notamment à travers leurs apports environnementaux appréciables sur le plan économique (évaluation directe/indirecte). Il s’agit également de mieux comprendre comment les acteurs locaux contribuent, à la fois par leurs engagements sur le territoire et par leurs interactions et leurs usages des technologies numériques, à inventer de nouveaux modes de gouvernance et de gestion des espaces urbain.
Il s’agira donc d’investir cette question sur le territoire de l’Ile de France, et pourquoi pas dans le cadre d’un second terrain étasunien. L’étude de l’activisme environnemental se concentrera sur les associations et collectifs qui s’intéressent aux questions de transition écologique, qui investissent des pratiques visant à repenser les rapports à l’environnement – qu’il soit naturel ou social.
Proposer une compréhension de ces nouvelles formes d’agir politique suppose d’analyser les capabilités des collectifs impliquées dans ces projets d’activisme. La littérature relative aux éco-mouvements, aux initiatives de transition, aux nouvelles expériences de citoyenneté et de renouvellement démocratique sera ainsi considérée. La revue de littérature sur ces nouvelles formes de communs associés à la biodiversité concernera également les capacités que le numérique offre notamment aux réseaux associatifs.
Ce travail mobilisera un croisement d’approches et de méthodes qualitatives et quantitatives déjà éprouvées dans le cadre du projet CIVIC’ACT. Le/la doctorant(e) bénéficiera ainsi du travail d’élaboration d’une base de données déjà en cours à partir d’une enquête sur l’activisme environnemental à l’échelle du Grand Paris et des données récoltées sur les inégalités socio-environnementales (voir ci-dessous). Il s’agit de dresser des typologies d’action collective en relation avec les différences environnementales territorialisées en favorisant des représentations cartographiques différenciées des territoires d’action selon les types de mobilisation.
Les questions que se pose l’équipe du projet se trouvent ainsi au croisement de plusieurs thématiques : dynamiques de la société civile et processus environnementaux ; inégalités socio-environnementales territorialisées et processus de prise de décision et politiques publiques. Le travail du doctorant permettra donc de reprendre et compléter le corpus déjà disponible.
Collaborations prévues
Plus généralement, la thèse s’inscrit dans les travaux du projet CIVIC’ACT. Issu d’une collaboration franco-américaine lancée en 2011, développé depuis 2014 dans le cadre de l’axe 3 « Dynamiques des zones critiques et conflits d’urbanisation » du programme de recherche interdisciplinaire « Politiques de la Terre » (Sorbonne Paris Cité), le projet CIVIC’ACT a pour objet de produire une analyse des activités et du rôle des acteurs associatifs dans la préservation, restauration, gestion, valorisation, transmission et défense de l’environnement local, en particulier dans le Grand Paris. Coordonné par Nathalie Blanc (UMR 7533 LADYSS, Université Paris Diredot) et Jean Chiche (CEVIPOF, Science Po), il s’inscrit dans le cadre de travaux de chercheurs venus de différentes spécialités (géographie, science politique, statistiques, géomatique) portant notamment sur les mobilisations associatives dans l’espace physique et virtuel en relation avec les inégalités territoriales.
En 2016, le LabEx DynamiTe a contribué au projet CIVIC’ ACT en finançant un post-doctorat d’un an et un contrat d’ingénieur d’études de trois mois. Ce recrutement nous a permis de constituer une base de données regroupant les associations environnementales des 131 communes du Grand Paris. Nous l’avons complétée en créant des partenariats avec des organisations locales pour collecter des données sur les collectifs et associations avec lesquels ils travaillent. Nous avons diffusé un questionnaire en ligne auprès de 753 associations à propos de leurs ressources, pratiques, réseaux et terrains d’action, complété dans un second temps par une série d’entretiens (mission du post-doctorat). Avec le CEVIPOF, nous avons mis en place un échantillonnage de 31 communes représentatives du Grand Paris en termes d’occupation du sol. Au sein de ces communes, nous avons systématiquement contacté l’ensemble des associations environnementales de la commune ou arrondissement, avec qui nous avons effectué un entretien semi-directif avec un membre actif. Ce dispositif nous a permis d’avoir accès à un échantillon d’acteurs diversifiés et notamment à des groupes plus marginalisés au sein de la nébuleuse associative environnementale. Enfin, grâce à l’Ingénieur d’études, nous avons créé un fonds cartographique permettant de visualiser certaines dimensions de l’activisme associatif. Nous disposons ainsi :
- d’une enquête en ligne menée auprès de 153 associations environnementales dans le Grand Paris (associations ayant répondu à l’enquête adressée initialement à 750 associations), permettant de dresser un portrait typologisé de l’environnementalisme associatif (ressources, territoires, domaines et répertoires d’action, etc.) ;
- d’un corpus d’entretiens en cours (60 entretiens sur 90 prévus) menés auprès des membres d’associations dans le Grand Paris dans 30 communes échantillonnées réparties en 3 catégories de communes afin de rendre compte de la diversité des territoires du Grand Paris et du rôle qu’y jouent les collectifs citoyens environnementaux ;
- d’un travail cartographique en cours sur les territoires d’action de ces associations ainsi que différentes visualisations permettant la comparaison du rôle des mobilisations dans le Grand Paris et différentes villes américaines ;
- d’une base de données documentée grâce au travail de l’Ingénieur d’Étude recruté en 2016 et ouverte aux étudiants par l’intermédiaire du Pôle Image reprenant l’ensemble des données collectées.
L’équipe américaine avec laquelle travaille l’équipe française a, dès 2007, valorisé ses données sous la forme d’une plateforme cartographique accessible en ligne, dans le cadre de l’initiative « Stew-Map ». Lancée dans plusieurs villes américaines, cette dernière vise à diffuser largement une cartographie interactive des zones d’action des associations œuvrant dans le champ environnemental. La question de la valorisation et de la diffusion des données collectées et analysées dans le cadre du projet s’est donc posée tôt. L’équipe française s’est donc notamment engagée dans une réflexion portant sur la mise en place d’une plateforme web avec entrée cartographique permettant de valoriser ceux-ci en vue d’une diffusion au cours de l’année 2018.
Compétences et aptitudes requises
- un Master (en géographie, aménagement, sociologie, information et communication ou en science politique) et un intérêt pour l’interdisciplinarité pratiquée dans les études urbaines ;
- une pratique des méthodologies qualitatives avec la conduite d’entretiens auprès d’acteurs locaux ;
- une pratique des méthodologies quantitatives, notamment en matière de gestion des bases de données géo-référencées sera appréciée.
Informations complémentaires
Début du contrat : 01/09/2018 ou 01/10/2018 (au choix)
Durée du contrat : 3 ans
Laboratoires d’affectation : UMR 7533 LADYSS (Université Paris Diderot – bâtiment Olympe de Gouge)
Directrice de thèse : Nathalie BLANC, Directrice de Recherche CNRS, directrice de l’UMR 7533 LADYSS
Université d’affectation : Université Paris Diderot – École Doctorale « Économies, Espaces, Sociétés, Civilisations : Pensée critique, politique et pratiques sociales »
Rémunération nette mensuelle : environ 1 350 euros (possibilité de missions complémentaires d’enseignement selon l’établissement d’accueil/de rattachement).
Contact :
Déroulement et calendrier de la procédure de recrutement
Le dossier de candidature devra démontrer l’adéquation au profil du poste (missions et compétences requises). Il devra être transmis par formulaire électronique (http://www.form-labex-dynamite.com/doc/fr/). Il comprendra :
- le projet de thèse (2 à 5 pages maximum) en précisant le socle théorique, la problématique, la méthodologie ainsi que la faisabilité en 3 ans et le calendrier ;
- un Curriculum Vitae ;
- le relevé de notes de Master 1 et celui du 1er semestre de Master 2 ;
- une lettre de recommandation de l’encadrant du mémoire de Master 2 ;
- une lettre de l’encadrant de Master attestant de la soutenance prochaine du/de la candidat(e) (avant le vendredi 31 août 2018).
Il est recommandé de prendre contact avec le(s) Directeur(s) de thèse en amont.
La date limite d’envoi des dossiers de candidatures est fixée au 22 avril 2018 (inclus). Tous les dossiers seront à envoyer par formulaire électronique (http://www.form-labex-dynamite.com/doc/fr/).
Pour information, à l’issue de la date limite de candidature, le LabEx contactera le(s) Directeur(s) des Unités d’accueil potentiel(s), et ajoutera une lettre d’accueil dans le dossier de candidature.
Les candidat(e)s retenu(e)s après examen des dossiers et auditions (qui se dérouleront la semaine du 11 juin 2018) seront tenu(e)s informé(e)s des résultats à partir du lundi 18 juin 2018.