« Dynamiques environnementales et visibilité des sites archéologiques du 7e au 2e millénaire av. J.-C. dans le sud des Balkans (Grèce du Nord et Sud de la Bulgarie) »
Groupe de Travail : « Changements environnementaux et sociétés dans le passé »
La date limite d’envoi des dossiers de candidatures est fixée au dimanche 22 avril 2017 (inclus).
Déroulement et calendrier de la procédure de recrutement
Description du poste
Proposition de recherche :
Les régions situées de part et d’autre de la frontière qui sépare actuellement la Grèce et la Bulgarie ont livré dans les dernières années des témoignages archéologiques d’une grande importance, qui ont considérablement enrichi/modifié nos connaissances sur le peuplement protohistorique de l’Europe du Sud-Est. Certaines de ces découvertes étaient peu, voire pas du tout attendues, car dissimulées par des occupations anthropiques ou des dépôts sédimentaires postérieurs. C’est le cas par exemple des niveaux du Néolithique Ancien et Moyen (7e-6e mill. av. J.-C.) mis au jour par des carottages à la base du tell de Dikili Tash, dans la plaine de Drama. La découverte de ces niveaux a mis fin à une longue série de scénarios qui cherchaient à expliquer l’absence de toute trace d’occupation antérieure à 5500 av. J.-C. dans cette région, pourtant si proche de la Mer Égée et de l’Anatolie — points d’entrée incontestés de la néolithisation de l’Europe. La réussite de cette opération, qui est un bel exemple d’intégration des méthodes d’investigation géomorphologique dans les problématiques archéologiques, nous incite à envisager des opérations analogues dans d’autres parties de la région présentant des caractéristiques topographiques similaires (plaines continentales avec fort taux d’alluvionnement, réseau hydrographique actif, peuplement dense y compris sous forme de tells). Les recherches conduites dans la basse vallée du Strymon/Struma, en rapport avec le dépeuplement apparent des Balkans méridionaux au 4e millénaire av. J.-C., montrent également qu’une partie de nos lacunes historiques sont le résultat d’une mauvaise visibilité des vestiges par l’archéologue, elle-même due à des problèmes de conservation ou de taphonomie.
Le contrat de recherche que nous proposons devrait permettre d’explorer le potentiel pour des découvertes analogues au-delà des zones déjà sondées et d’affiner les protocoles de futures interventions géoarchéologiques systématiques et/ou ciblées. Deux zones sont visées prioritairement : a) la plaine thrace, dans le territoire actuel de la Bulgarie ; b) une ou plusieurs petites vallées parmi celles qui traversent la masse montagneuse des Rhodopes à la frontière avec la Grèce. Ces choix prennent en considération le positionnement des terrains par rapport à des questions archéologiques spécifiques (néolithisation, transition Néolithique-âge du Bronze, transition Bronze Ancien-Bronze Récent), liées, par ailleurs, aux débats autour des conséquences régionales d’un certain nombre de changements climatiques rapides globaux (« RCC events » respectivement de 8.2, 6.2, 4.2 ka BP). La recherche proposée s’inscrit donc dans l’un des axes d’investigation majeurs de notre Groupe de Travail, et du LabEx DynamiTe en général, celui des relations entre des activités humaines et leurs enregistrements d’une part, et le cadre géographique d’un territoire en évolution d’autre part. Les résultats non seulement contribueront à nos connaissances sur la région particulièrement riche et sensible qu’est la péninsule balkanique, mais ils exploreront (1) les rapports possibles entre la préservation de sites archéologiques et les contextes géographiques actuels et passés dans la région, et (2) le rôle possible d’événements climatiques et de dynamiques environnementales sur les peuplements et les cultures dans le passé, en tenant compte de la dimension des échelles d’étude (locales, régionales, globales).
Collaborations prévues
Les encadrants de la recherche proposée travaillent depuis plusieurs années dans la région et ont des liens solides avec les milieux scientifiques des deux pays. Leurs réseaux ont été consolidés à travers plusieurs projets collaboratifs, notamment le programme franco-hellénique de longue durée de Dikili Tash (http://www.dikili-tash.fr/) et le programme ANR « Balkans 4000 : À la recherche du millénaire perdu » (2007-2011, coord. Z. TSIRTSONI ; coord. du volet géomorphologique L. LESPEZ). Ce dernier programme, qui a réuni une trentaine d’archéologues grecs et bulgares autour de la question de la transition du Néolithique/Chalcolithique vers l’âge du Bronze, a été aussi le premier à se pencher sur les problèmes de la visibilité des sites archéologiques et de son impact dans la compréhension des processus de peuplement au cours des périodes protohistoriques. La dynamique créée alors est un capital essentiel pour la réussite du présent projet, qui devrait lui-même servir de base pour des futures collaborations (nouveau projet ANR ou européen).
Plusieurs programmes archéologiques en cours sont susceptibles d’offrir des « point d’ancrage » privilégiés au post-doctorat. Citons parmi eux les programmes autour des sites de Sokol (Univ. St. Climent Ohridski, Sofia), Yunatsite (Institut archéologique bulgare et musée de Pazardzhik) en Thrace, de Bresto dans la haute vallée du Nestos/Mesta (New Bulgarian Univ.-Sofia, musée de Blagoevgrad et Univ. de Heidelberg), de Promachon-Topolnitsa dans la vallée du Strymon/Struma (Institut archéol. bulgare, Ministère grec de la culture et CNRS grec), et bien sûr de Dikili Tash (École française d’Athènes et Société Archéologique d’Athènes) qui entrera en 2018 dans un nouveau cycle.
Le suivi du projet sera assuré dans le cadre d’une collaboration entre l’UMR 7041 ArScAn et l’UMR 8591 LGP. La collaboration reposera sur des réunions communes régulières avec le/la post-doctorant(e) et sur la participation conjointe des encadrants, et si nécessaire d’autres membres des deux laboratoires, aux missions de terrain. Pour ses travaux en France, le/la post-doctorant(e) disposera de facilités d’accueil dans les deux laboratoires ; son lieu de travail principal sera à Nanterre (Maison d’Archéologie et Ethnologie), où il/elle disposera d’un bureau et d’un ordinateur équipé dans les locaux d’ArscAn, mais un poste de travail sera également mis à sa disposition lors de ses séjours au LGP. Pour ses recherches bibliographiques et la formalisation des données collectées, la/le post-doctorant(e) sera guidé(e) par Z. TSIRTSONI assistée des autres archéologues de l’UMR 7041 ArScAn-équipe de Protohistoire égéenne travaillant dans la région (P. DARCQUE, D. MALAMIDOU, T. THÉODOROPOULOU, S. PRÉVOST-DERMARKAR). Il/elle pourra bénéficier de l’accès à la très riche bibliothèque de la Maison Archéologie et Ethnologie et à celle, spécialisée, de l’équipe de Protohistoire égéenne. La/le post-doctorant(e) bénéficiera également des ressources matérielles et humaines de l’UMR 8591 LGP. Il y aura accès (1) à des équipements de terrain (matériel de prospection géophysique, tarière pédologique, carottier LabEx) et (2) à la plate-forme d’analyse de sédiments et de micro-restes biologiques, en fonction de ses compétences et en collaboration avec le personnel. Elle/il pourra s’appuyer sur des collaborations dans le cadre du programme PaléoMex (2010-2020, INEE), piloté par L. Lespez, ainsi que sur un encadrement qui pourra être assuré par A. Gauthier (palynologie) et Cl. VIRMOUX (prospection géophysique).
Compétences et aptitudes requises
La personne qui sera recrutée aura pour missions d’évaluer le contexte taphonomique des sites archéologiques de la région à partir d’une recherche de terrain et d’y tester le potentiel paléoenvironnemental d’archives sédimentaires, afin de déterminer les zones les plus prometteuses pour de futures recherches géoarchéologiques (qui seront réalisées dans le cadre d’autres projets) et afin de proposer, en concertation avec les encadrants du projet et les partenaires locaux, la meilleure stratégie pour les concrétiser. Il faut donc qu’elle/il maîtrise parfaitement les méthodes d’investigation géomorphologiques classiques (prospection de terrain, étude de coupes, sondages à la tarière, carottage si besoin), adaptées à la problématique archéologique et à la recherche de sédiments anthropogènes du type rencontré sur les sites protohistoriques égéo-balkaniques (accumulations de dépôts structurés, restes de niveaux de destruction incendiés, concentrations de macrorestes botaniques, de fragments de poteries etc.). Elle/il doit disposer du bagage indispensable pour une bonne lecture des principaux indices paléoenvironnementaux sur le terrain (géomorphologie, pédologie) et si possible en laboratoire (sédimentologie, bioindicateurs), et être capable de procéder seul(e) aux échantillonnages nécessaires (dont le financement de ces datations pourra être pris en charge par les opérations archéologiques en cours ou sur des financements complémentaires).
En amont de ses recherches de terrain et durant toute leur durée, la/le post-doctorant(e) devra procéder à un dépouillement méthodique de la littérature relative au sujet et aux zones d’investigation, avec l’aide de ses encadrants, ce qui lui permettra de bien préparer ses missions et d’optimiser le temps passé sur place. Une fois lancé(e), elle/il devra procéder à un enregistrement minutieux des données collectées, selon le protocole et le vocabulaire déjà utilisés pour les recherches antérieures dans la région.
La/le post-doctant(e) devra enfin être en mesure d’analyser les résultats de ses travaux selon un mode critique, afin d’en tirer des conclusions d’une portée plus générale, notamment en rapport avec l’impact local/régional d’événements climatiques rapides connus pour les périodes concernées.
En somme, la personne à recruter devra être titulaire d’un doctorat (niveau indispensable d’autonomie et de maturité scientifique), de préférence en géographie-géomorphologie appliquée à des questionnements archéologiques. Une bonne connaissance du terrain d’étude serait un plus.
Informations complémentaires
Début du contrat : entre le 01/09/2018 et le 01/12/2018 (au choix)
Durée du contrat : 1 an
Responsables du/de la post-doctorant(e) (membres du GT formulant la demande) :
- Zoï TSIRTSONI (UMR 7041 ArScAn)
- Laurent LESPEZ (UMR 8591 LGP)
Laboratoire d’affectation : UMR 7041 ArScAn (Maison Archéologie et Ethnologie R. GINOUVÈS – 21 allée de l’université – 92023 NANTERRE Cedex)
Rémunération nette mensuelle : environ 2 324 €
Contact :
Déroulement et calendrier de la procédure de recrutement
Le dossier de candidature devra démontrer son adéquation au profil du poste (missions et compétences requises). Il devra être transmis par formulaire électronique (http://www.form-labex-dynamite.com/postdoc/fr/). Il comprendra :
- le Projet de recherche (5 pages maximum) en précisant la problématique, la méthodologie ainsi que la faisabilité et le calendrier ;
- une lettre de motivation ;
- un Curriculum Vitae ;
- la liste des publications avec les liens internet (si possible) ;
- le mémoire de thèse au format .PDF ;
- le rapport de soutenance (sauf pour les candidats ayant soutenu leur thèse à l’étranger et pour les candidats ayant soutenu leur thèse de manière trop récente. Ces derniers doivent alors transmettre une attestation de soutenance de thèse avant le mardi 12 juin 2018 délivrée par la personne Responsable de l’École Doctorale) ;
- une copie du diplôme de Docteur(e) (ou attestation. La thèse doit avoir été soutenue depuis moins de 5 ans).
La date limite d’envoi des dossiers de candidatures est fixée au dimanche 22 avril 2018 (inclus). Tous les dossiers seront à envoyer par formulaire électronique (http://www.form-labex-dynamite.com/postdoc/fr/).
Le candidat a la possibilité de contacter l’encadrant du profil post-doctoral avant la date limite de candidature.
Pour information, à l’issue de la date limite de candidature, le LabEx contactera le(s) Directeur(s) des unités d’accueil concernée(s), et lui/leur demandera une lettre d’accueil signée finalisant le dossier de candidature.
Les candidat(e)s retenu(e)s après examen des dossiers et auditions (qui se dérouleront la semaine du 11 juin 2018) seront tenu(e)s informé(e)s des résultats à partir du lundi 18 juin 2018.