Recrutement – Ingénieur·e d’études “Étude malacologique”
Date limite pour l’envoi des candidatures : jeudi 17 avril 2025
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Contexte
Le site des Tarterets III (Corbeil-Essonnes, Essonne) constitue l’une des rares séquences sédimentaires qui permet de documenter les environnements antérieurs et contemporains du Dernier Maximum Glaciaire (~27000-17000 ans) dans le Bassin parisien. Si une partie de la séquence sédimentaire – et des occupations préhistoriques associées – a localement été largement bouleversée par des processus post-dépositionnels, les archives sédimentaires et paléoenvironnementales de la partie toujours en place – stérile en restes archéologiques à l’échelle de l’emprise de la fouille – sont de première importance pour justement apporter des données inédites sur les environnements contemporains des occupations préhistoriques. Le gisement, fouillé dans sa presque intégralité, dans le cadre d’une opération d’archéologie programmée entre 2019 et 2023, a livré des vestiges contemporains de la fin du Gravettien et, peut-être, du Badegoulien, cultures respectivement immédiatement antérieure et contemporaine du Dernier Maximum Glaciaire. Plusieurs datations par luminescence optiquement stimulée (OSL) sont en cours – en complément des datations 14C déjà réalisées et d’autres à venir – et permettront de disposer d’un cadre chronologique pour les successions sédimentaires. Seuls des restes archéologiques remaniés ayant été datés jusqu’à présent, leur connexion avec la succession sédimentaire reste à établir.
En effet, la succession stratigraphique est composée de deux ensembles : une séquence limono-sableuse, constituée de limons de débordement partiellement pédogenéisés, recouverte de nappes sableuses fluviatiles. L’intégralité du matériel archéologique découvert lors de cette fouille l’a été dans les nappes sableuses, mais en position remaniée. En effet, les âges obtenus sur os et charbons s’échelonnent entre ± 14000 et 45000 ans, l’intervalle entre ± 27000 et 23000 ans étant le plus représenté. La nappe sableuse s’est donc mise en place au plus tard vers 14000 ans et a remanié du matériel archéologique plus ancien provenant potentiellement de la séquence limono-sableuse sous-jacente. Cette séquence est donc potentiellement porteuse de l’information paléoenvironnementale contemporaine de toute ou partie du matériel archéologique remanié dans les nappes sableuses supérieures. En outre, en raison de conditions climatiques et environnementales rigoureuses et sans doute plutôt inhospitalières, l’occupation du territoire dans le Bassin parisien était discontinue dans le temps et l’espace à cette époque, notamment pendant le Dernier Maximum Glaciaire, excepté durant de brèves phases de redoux (interstades) au cours desquelles la plupart des occupations humaines semblent être contemporaines.
D’ailleurs, malgré une certaine homogénéité des dépôts limono-sableux inférieurs, l’examen préliminaire du matériel malacologique suggère l’occurrence possible de deux courtes phases de réchauffement (interstades) alternant avec des phases froides. Les conditions environnementales au cours de ces deux interstades pourraient donc refléter l’état du paysage durant les périodes d’occupation humaine déduites de la datation du matériel archéologique découvert dans la séquence sableuse sus-jacente, sous réserve que leur âge soit contemporain de celui des restes archéologiques datés. Enfin, les points de comparaisons en termes d’enregistrements paléoenvironnementaux sont rares pour la dernière période glaciaire à l’échelle de l’Ile-de-France, puisqu’ils se limitent aux sites d’Ormesson (Seine-et-Marne) au sud et de Villiers Adam (Val-d’Oise) au nord. Situé à mi-distance des deux sites, la séquence des Tarterêts III permettra la réalisation d’un gradient paléoenvironnemental pour la période concernée à l’échelle de l’Ile-de-France. Associées aux enregistrements stratigraphiques, chronologiques (datations en cours) et archéologiques, ces données permettront d’apporter des éléments de compréhensions à la structuration des territoires avant et pendant le Dernier Maximum Glaciaire et de préciser les périodes et les contextes propices aux peuplements préhistoriques de ce secteur géographique. Ces problématiques s’inscrivent dans celles des deux GT partenaires.
Matériel et méthode
Le matériel à analyser est constitué d’échantillons sédimentaires déjà tamisés. Il s’agira d’en extraire puis d’étudier le matériel malacologique, afin (1) de reconstituer l’évolution paléoenvironnementale de la séquence limoneuse inférieure, plus complexe que ne le laisse supposer l’apparente homogénéité des dépôts, et (2) de contribuer à la détermination de son âge grâce à la datation radiocarbone de coquilles de mollusques et/ou de granules de vers de terre qui y sont contenus. Le matériel se compose :
– d’une série de 18 échantillons prélevés en colonne continue par tranches de 10 cm provenant du profil C (unités LSm et LSml sus-jacente). Des datations numériques en cours et d’autres à venir viendront préciser l’âge de ces limons sableux inférieurs.
Liste des missions et calendrier des tâches
- Extraction sous loupe binoculaire, tri et conditionnement du matériel coquillier, identification et dénombrement des taxons ;
- extraction sous loupe binoculaire et dénombrement des granules de vers de terre ;
- mise en forme des données ;
- interprétation paléoenvironnementale des diagrammes malacologiques.
Profil recherché
La personne recherchée doit être titulaire d’un Master 2 (équivalent ingénieur·e d’étude), qualifiée en archéologie, géographie ou paléontologie, option paléoenvironnement, et avoir des compétences en tri et en identification des mollusques terrestres quaternaires.
Compétences demandées
- Connaissances en géomorphologie et paléoenvironnements quaternaires ;
- expérience en analyse des faunes de mollusques terrestres fossiles du Quaternaire ;
- rigueur, régularité dans le travail, autonomie, intérêt pour le support d’étude ;
- aucune contre-indication médicale à l’utilisation d’une loupe binoculaire sur de longues plages horaires.
Conditions de recrutement
CDD de 2 mois temps plein (niveau de rémunération ingénieur·e d’étude) à compter du lundi 2 juin 2025.
La personne recrutée au sein du LabEx DynamiTe effectuera sa mission au Laboratoire de Géographie Physique : Environnements Quaternaires et Actuels (UMR 8591 LGP, à Thiais) sous la direction d’Olivier MOINE, en collaboration avec Christine CHAUSSÉ, géomorphologue en charge des études chronostratigraphiques du site, également membre du LGP, pour les questions relatives au contexte sédimentaire et Ludovic MEVEL, archéologue et co-responsable de l’opération de fouille des Tarterêts Corbeil-Essonnes, membre du laboratoire Technologie et Ethnologie des Mondes PréhistoriqueS (UMR 8068 TEMPS, à Nanterre) pour les questions relatives aux occupations humaines.
Envoi des dossiers de candidature (CV et lettre de motivation) avant le jeudi 17 avril 2025 à :
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